En s'opposant aux nationalistes et souverainistes, Jürgen Habermas, disciple d'Adorno et fondateur de la « seconde génération » de l'École de Francfort, a enrichi les débats de la philosophie politique contemporaine par ses contributions et réflexions sur l'Europe et l'idée européenne. Dans ces écrits, il esquisse non seulement l'utopie concrète d'une Europe d'États post-nationaux, reliés entre eux par une Constitution européenne garantissant les libertés, la justice et l'État de droit, mais il plaide aussi pour une « conscience européenne ». Il s'agit de remplacer l'État-nation traditionnel républicain, devenu « obsolète », par une Union européenne entendue comme union d'États « post-nationaux ». Simultanément, Habermas se fait l'avocat d'un renouveau de la démocratie, de plus en plus menacée par les populismes et les régressions constatées dans les pays néolibéraux. Rationaliste et cosmopolite, inspiré par Kant, Habermas s'intéresse enfin à la tension permanente entre foi et savoir dans un âge post-métaphysique.